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Mordillage chez le chiot

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Par Rénata Unçao, intervenante en comportement canin

 

Votre bébé chien mordille les mains et les pieds ? Il se dirige vers vous, vous lèche, vous saute dessus et se met à mordiller ? C’est en le touchant ou en le caressant qu’il devient soudainement un piranha ? Ouch, les petites dents, ça fait mal !

Le mordillage est tout à fait normal chez le chiot. Ce n’est pas un problème de comportement. Pour jouer, il le fera certes, mais pas seulement. Le mordillage peut aussi représenter une demande d’arrêt, un signal d’inconfort. Rien à voir avec de la dominance ou le fait de tester les limites. Il n’est jamais nécessaire de faire mal ou peur au chien qui mordille. On veut cependant gérer le comportement pour ne pas qu’il devienne une habitude difficile à défaire. Nous opterons pour la redirection sur des cibles appropriées. Citons des objets à mastiquer et gruger en quantité suffisante comme les Bully Stick (tendons de bœuf), les Kongs, les cordes résistantes et les os appropriés. Plutôt que de se jeter sur les mains ou mollets, notre chiot apprendra quoi mettre en gueule. Il est important de trouver des choses de valeur pour lesquelles il aura suffisamment d’intérêt. Entre les mains et le jouet ou l’os, le choix ne doit pas être difficile !

Rediriger le comportement sera la clé. Plus il vous sera possible d’anticiper les moments de « folie », plus efficace ce sera aussi. Le chiot peut lécher et mordiller les mains quand on le touche, qu’on le flatte ou qu’on le soulève ; c’est qu’il n’aime pas ça. C’est une demande d’arrêt de sa part. En langage chien, il dit : arrête s’il te plaît. Il faut reconnaître les signaux qu’il envoie afin de bien agir. On cesse immédiatement, puis, on pense à intégrer des exercices de désensibilisation tôt qui viseront à le rendre à l’aise et collaboratif avec les manipulations, les touchers et les restreintes.

On le désensibilise graduellement à toutes ces procédures et tous ces contacts, selon des étapes précises. Un investissement pour toutes les années à venir (pensez au brossage des dents, aux bains, aux coupes de son poil, etc.). Nous lui apprendrons que ces formes d’envahissement, car c’est ainsi qu’il les perçoit, ne sont pas à craindre. Nous voudrons lui montrer qu’elles sont même positives. Il reste tout de même important d’appliquer le test du consentement régulièrement pour vérifier si le chien apprécie ou non l’interaction du moment. Un chien peut être affectueux, mais ne pas vouloir être caressé constamment, à tout moment, n’importe où et par n’importe qui. Lorsque c’est nous qui nous nous dirigeons vers lui, et qui commençons à le toucher et à interagir, il est plus probable que le mordillage soit en fait une demande d’arrêt, nous nous sommes précipités. Il ne s’y attendait pas et ne le demandait pas. En appliquant le test du consentement, vous pourrez le confirmer.

Lorsque c’est le chien qui vient à vous et qui commence à s’exciter et vous mordiller, là clairement, il s’agit plutôt une recherche d’attention ou d’une demande de jeu de sa part ! Nous ne répondrons certes pas aux demandes d’attention faites ainsi ! Sauter, mordiller, voire japper, ne doit pas entraîner d’interactions avec nous, sous peine de renforcer ces comportements. Nous voudrons introduire de bonnes habitudes dès le départ.

Le chien reproduira les comportements qui fonctionnent et qui lui apportent quelque chose d’intéressant. Nous ignorerons les comportements indésirables le plus possible. Nous redirigerons notre chiot vers quelque chose d’approprié lorsqu’ignorer ne s’applique pas. Si cela persiste, que ces solutions ne fonctionnent pas, nous nous retirerons tout simplement, sans rien dire. Nous reviendrons une fois que le chiot se sera calmé. Notre retour et notre présence deviennent les récompenses une fois son calme retrouvé. Notre départ aux moments où il ne se comporte pas comme voulu est une intervention non douloureuse ni effrayante visant la diminution, voire la suppression des comportements problématiques. Elle est efficace. Nous lui enseignons ce qui fonctionne et ce qui lui permet d’obtenir notre attention, du jeu, des caresses.

Par le fait même, nous lui montrons ce qui est inutile et inefficace pour en bénéficier (sauter, japper, gratter, mordiller). Saviez-vous que c’est ce que fait la maman avec ses petits pour inculquer l’autocontrôle et l’inhibition de la morsure ? Elle ne les corrigera pas physiquement. Une mère équilibrée se rend ailleurs ou bien à une hauteur inaccessible pour ses petits, n’encourageant pas leurs comportements.

Puis, elle revient plus tard. C’est pourquoi elle doit toujours avoir la possibilité de quitter la pièce quand ses chiots deviennent intenses. Il est important pour l’humain de rester calme et patient avec son animal. Ne pas crier, ne pas fermer pas le museau fermement, ni taper. On ne fait pas mal, ni peur ; cela n’enseignerait pas à l’animal quoi faire. En plus d’engendrer du stress et de créer une crainte envers nous et nos mains, la correction ne fait que le surprendre (lorsque cela fonctionne bien sûr) sans régler le problème de fond.

On aurait tendance à croire que le chien associera les comportements de mordiller les mains et mollets à la douleur qu’il ressent suite à la correction infligée, mais ce ne sont pas tant les comportements que nous ciblons qui y seront associés. Le chien ne sait pas quels comportements nous ciblons, ni pourquoi, ni ce que nous voulons qu’il fasse à la place. S’il mordille par demande d’arrêt quand on le brosse par exemple, c’est aux moments de soins d’hygiène comme le brossage qu’il associera les réprimandes. Brossage = peur. Il anticipera négativement les prochaines occasions. Ça deviendra de plus en plus dur de le brosser. Ce n’est pas le but. Des séances de « tug » (souque à la corde) bien structurées peuvent être bénéfiques pour travailler l’autocontrôle de votre chiot.

Sa gestion des émotions, le retour au calme et le fait de prendre de bonnes cibles pour se défouler peuvent être acquis grâce au jeu. Le jeu a sa place dans l’éducation. Pendant sa période de chiot et à l’adolescence, les mordillages peuvent arriver en cas de mauvaise gestion de ses émotions. Quand le chien vit un trop plein d’émotions, que monte l’excitation, il peut se rediriger sur nous, sur nos mains et mollets. Un travail d’autocontrôle dans lequel le chien apprend à mieux se gérer (excitation, retour au calme) aura un impact positif sur les symptômes du manque d’autocontrôle (sauter, mordiller, tirer en laisse, japper, insister). Les chiens de berger peuvent avoir des tendances comportementales à pourchasser et cesser d’immobiliser en attrapant les pieds.

Si tel est le cas, des interventions adéquates, sans violence, vont permettre d’aborder le problème, car les mollets ne sont pas des moutons ! À chaque comportement ses spécificités. Il importe de chercher derrière le comportement pour trouver sa cause, mieux le comprendre, et ainsi mieux intervenir.

Rénata Unçao, intervenante en comportement canin et en éducation canine

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Membre du RQIEC et certifiée FCC

 

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