Par Pierre-W. Boudreault
Pourquoi les forêts sont-elles en colère ?
L’an dernier je rappelais gentiment que la fumée engendrée par le voisinage attaquait non seulement le système respiratoire, mais aussi atteignait la circulation du sang et qu’on devait aussitôt s’enfermer dans la maison fenêtres closes pour échapper à la nocivité des feux allumés à proximité de ma résidence. Inutile d’ajouter que la réponse du voisinage fut qu’on était « chez nous et qu’on avait le droit de se faire un feu »… allant même ajouter, et je cite que j’« étais violent ».
Si nous subissons actuellement la colère de nos forêts et faut-il le dire que c’est bien parce qu’on n’a pas pris la mesure de nos actions individuelles concernant la nature qui se rebelle contre nos inconsciences collectives. Nous nous devons d’agir ensemble pour que le changement climatique actuel ne se retourne pas davantage contre les humains et remette en question nos modes de vie en société.
C’est à titre de membre du Conseil de la Fabrique de la paroisse de Saint-Ulric que je voudrais souligner d’une façon simple, mais directe que nous, les membres du Conseil, avons décidé de nous attaquer à l’assainissement de l’air en procédant à la transformation du chauffage de notre très belle église paroissiale. Depuis l’automne 2021, une démarche laborieuse et remplie d’embuches a été entamée pour franchir le dédale d’organismes susceptibles de nous soutenir financièrement : Hydro-Québec, ministères provinciaux et fédéraux, députations provinciales et fédérales, entreprises de plomberie et d’électricité, la MRC, Desjardins, services municipaux et j’en passe.
Nous sommes heureux d’annoncer à la communauté de Saint-Ulric que nous avons obtenu un soutien financier important de la part de notre gouvernement du Québec et notamment du ministère de l’Environnement, de la lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs afin de procéder, si tout va bien dès septembre 2023, à la conversion du système de chauffage actuellement au mazout en un système totalement électrique plus respectueux de l’environnement.
Car, on le sait désormais, c’est la pollution produite par les humains qui modifie le climat et qui occasionne spécifiquement la sécheresse favorable aux incendies de forêt qui, par la fumée produite, remet en question la qualité de l’air et, pour les personnes vulnérables particulièrement, devient une menace réelle à leur santé et, on le sait, est la source de beaucoup trop de décès prématurés.
Pour que notre décision au Conseil de la Fabrique produise des effets inductifs d’entrainement, il faut que tout un chacun mette la main à la pâte, comme on dit couramment. Chaque geste pour considérer les autres et non plus seulement son petit confort individuel est un geste pour la protection de la vie de tout le monde. Les particules fines engendrées par la fumée qui se propagent dans l’environnement pénètre jusqu’à y compris le système sanguin et, non seulement, respiratoire et occasionne des crises cardiaques, et cela on le sait très bien, car documenté par les scientifiques de la santé communautaire et les environnementalistes.
Je ne pense pas que mon voisinage gagne en conscience environnementale ni en conscience de la santé des autres voisins, mais, graduellement et petit à petit, lorsqu’on constatera que les forêts sont fâchées et que la fumée atteste que les forêts sont asséchées surgiront les Greta Thunberg et une autre jeunesse éclairée et militante.
Que les forêts en colère se retournent contre nous pour attaquer notre santé et nous obliger à quitter nos maisons et notre village comme c’est le cas en Abitibi et dans le Nord du Québec avec des conséquences que la fumée affecte aussi dans le Sud tant à Montréal qu’à Toronto voire New York. C’est malheureusement de cette façon qu’on sera dans la nécessité absolue de promulguer des lois afin d’éviter le pourrissement de l’atmosphère dû à des pratiques égoïstes sinon narcissiques où, pour plusieurs, d’allumer un feu repose sur une décision de loisir strictement individuelle sans aucune considération des effets sur l’air pourtant vital pour l’existence et la santé des autres, mais rendu irrespirable par la présence de fumée souvent nauséabonde.
Au final, faut-il ajouter que le geste de convertir le système de chauffage de l’église paroissiale, nous l’espérons, aura des effets d’entrainement pour ceux et pour celles qui prennent l’environnement à cœur. Et, au passage, si vous voulez contribuer financièrement à la conversion du système de chauffage de notre église vous n’avez qu’à adresser vos dons à la Fabrique de la paroisse de Saint-Ulric.
Pierre-W. Boudreault, conseiller de la Fabrique de la paroisse de Saint-Ulric
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