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«Tant que les moutons produiront de la matière, je tricoterai dans le cercle des fermières»*

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par Valérie Blanchet

Lorsque je suis arrivée à Saint-Ulric, j’avais en tête d’en apprendre davantage sur un aspect important du patrimoine culturel local: le tissage. La grand-mère de mon conjoint, qui est née dans la région et y a élevé sa grande famille, était aussi très active sur le métier à tisser. Elle a légué à ses enfants et petits-enfants de nombreux objets tissés (linges à vaisselle, jetées, catalognes, nappes) et plusieurs années après son départ, ceux-ci sont toujours utilisés au quotidien par sa descendance.

 

C’est ainsi que, par un bel après-midi de février, je suis entrée timidement dans la salle où les Fermières étaient en réunion avec l’espoir de les observer travailler sur leurs grands métiers. J’avais cette conception que le Cercle de Fermières était réservé aux femmes à la retraite, donc je me sentais un peu gênée de me présenter là… J’ai vite réalisé que je m’étais trompée: j’y ai été accueillie chaleureusement, elles m’ont même invitées à joindre le groupe et à devenir Fermière moi aussi. Pour elles, je représente une relève à laquelle elles peuvent transmettre leurs connaissances manuelles, me livrer un héritage que je pourrai léguer un jour à mon tour. J’ai appris par la suite que l’on pouvait rejoindre le cercle dès l’âge de 14 ans et qu’il y avait des Fermières de mon âge, bien qu’elles soient moins nombreuses parce que la vie active du travail et de la famille laisse beaucoup moins de temps libre pour les travaux manuels. Les Fermières sont sensibles à cette réalité; le local où elles se réunissent est ouvert en soirée et certaines réunions ont lieu après le souper afin de rallier la proportion de femmes qui sont encore sur le marché du travail.

Le cercle, un ressourcement pour les femmes

Bien que certains pourraient penser que le Cercle de Fermières est une organisation plutôt traditionnelle, beaucoup de femme retrouvent aujourd’hui les vertus de se réunir entre elles, dans un groupe où des valeurs de bienveillance et de soutien sont véhiculées. Ces cercles permettent aux femmes de mieux comprendre leur dimension féminine. En voyant en action d’autres femmes, elles peuvent apprendre à mieux se connaître et s’apprécier comme femme: « les femmes trouvent la force dans le collectif, […] il y a quelque chose qui nous relie, on vit la même chose sous des aspects différents, on est toutes unique et pareilles en même temps»**. Même si la mission première du Cercle de Fermière n’est pas la relation d’aide, il est possible d’y vivre cette fraternité et même de faire la connaissance de femmes plus âgées dont l’expérience de vie peut aider à prendre de la perspective sur sa propre existence, sur les tracas quotidiens et de jeter un pont très signifiant entre les générations.

Les vertus du travail manuel pour abaisser le stress

L’un des objectifs du Cercle de Fermières est de promouvoir l’épanouissement de la femme par la créativité. Dans les paroles de leur chant de ralliement on peut lire : « tu as le temps de bricoler et tous tes soucis vont s’envoler ». En plus de trouver une grande satisfaction et une fierté à produire un objet esthétique et pratique, le travail des mains permet de se concentrer sur le moment présent et d’entrer dans état méditatif qui génère du bien-être. Il est prouvé d’ailleurs que les travaux manuels améliorent la clarté mentale et la mémoire car, en utilisant à la fois la main gauche et la main droite dans un travail de précision, les deux hémisphères du cerveau sont stimulés. En tant que femme, on prend du temps pour soi, en-dehors du contexte familial, des obligations et du stress quotidien pour exécuter un travail manuel, une création unique.

L’implication sociale des Fermières

Les Fermières s’impliquent aussi socialement et supportent financièrement et par leur travail manuel différentes causes qui viennent améliorer la condition de vie d’autres femmes et de familles dans le besoin. C’est ainsi qu’elles s’impliquent activement auprès de la Fondation OLO qui vient en aide aux femmes enceintes dans le besoin afin que celles-ci puissent se nourrir adéquatement pendant leur grossesse et mettre au monde un bébé en santé. Les Fermières de Saint-Ulric fournissent aussi aux hôpitaux de la région de petites tuques et des bas tricotés destinés aux bébés nés prématurément.

Pour découvrir la mission du Cercle de Fermières, je vous invite à consulter leur site internet: https://cfq.qc.ca, mais aussi à vous intéresser à leurs activités ici même à Saint-Ulric

*Paroles de Pull pastel, une chanson du groupe de musique Les Trois Accords.

**Tiré d’un interview avec Esther Lobet Bedjeni, Libérer le Féminin sacré, une femme réunionnaise qui réfléchit sur la féminité, sur la difficulté d’être une femme dans un monde où les structures sont très masculines, sur l’importance pour une femme de prendre soin d’elle-même plutôt que de rester dans un don de soi sans limites et de la force qui peut émaner d’un cercle où les femmes peuvent découvrir et reconnaître leurs qualités féminines, https://www.youtube.com/watch?v=UTWAdhZEzG8&t=1126s

 

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