par Sylvain Lessard
La Gaspésie n’est pas un tout-inclus.
Parc national de la Gaspésie; une poubelle pleine où on continue d’y accumuler les déchets qui se déversent çà et là. Sharp.
Camping municipal du Mont-St-Pierre; en allant prendre ma douche (froide) matinale, je remarque un campement déserté, rempli d’ordures et de »restants de camping ». J’avertis la réception. La dame et moi on échange un regard un peu triste, rien à rajouter.
Percé, camping à aire ouverte, magnifique vue sur le rocher; un groupe de jeunes stationne son beau VUS Mercedes, ouvre toutes ses portes (5) et nous délecte des meilleurs hits de l’heure. Ceux qui roulent en boucle dans ces endroits où on sortait sans masques y’a pas si longtemps.
Parc Forillon; 1h du matin, une gang de campeurs qui ne comprend visiblement pas où elle se trouve continue de faire le party autour d’un immense feu. Je vais les avertir d’une rigueur polie : »Ici, c’est un parc national, il y a un couvre-feu à 11h et on vous entend partout sur le site. » Un peu petits dans leurs shorts (faut croire qu’il devait y avoir plus de rigueur que de politesse), ils éteignent leur feu et vont se coucher.
Quelques jours plus tard, après mon départ, des amis m’envoient des photos; le party est pogné dans le chalet de services du parc (toilettes, douches, aménagements pour familles). Une horde d’adultes-adolescents qui y a élu domicile. Ça joue au beer pong, ça se pend au plafond, ça fait du bruit.
Depuis quelques jours, je vois ces publications d’organismes touristiques, de certaines municipalités et de campings qui enjoignent les touristes à faire preuve de civisme et de civilité. Des déchets jonchent les plages et les aires de camping.
Ça me fait mal.
J’ai honte.
La Gaspésie, c’est une nature intouchée et des humains chaleureux. Ce n’est pas votre 3 étoiles à Cayo Coco. C’est notre perle nationale. Y manquer de respect, c’est se manquer de respect à nous-mêmes.
Les règles sont pourtant bien simples :
1. Ramassez vos déchets. Si la poubelle est pleine ou qu’il n’y en a pas à proximité, traînez-vous des sacs de plastique pour y accumuler les déchets (tabarnak, j’suis vraiment en train d’écrire ça?). Ces déchets ruinent le paysage, nuisent aux riches écosystèmes; certains vont finir dans la mer, d’autres vont attirer des animaux sauvages qu’il faudra éventuellement abattre.
2. Soyez respectueux de la Gaspésie. Si vous voulez faire le party, allez au Sea Shack ou allez à Montréal. Adaptez-vous à ses habitants qui vous accueillent. Levez la tête quand vous marchez, saluez les passants. Souriez aux vieux qui se prélassent sur leur perron. Encore mieux, envoyez-leur la main. Arrêtez-vous pour parler au pêcheur sur le quai. La Gaspésie, c’est aussi ses habitants qui contribuent à un air exempt de stress. Imprégnez-vous de cette énergie.
3. Profitez-en. Trop de fois, j’ai croisé des groupes à l’horaire présidentiel calculé à la milliseconde près. Gardez-vous du temps pour rien faire, justement. Du temps pour contempler, pour profiter de l’état de béatitude dans lequel certains panoramas vous mettront.
4. Soyez curieux, la Gaspésie est riche et son cœur est gros, et ce serait bien que ça dure.
Merci de partager, que ça se rende aux yeux concernés.
– Antoine Favreau, 23 juillet, publié sur Facebook
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