par Par Danielle Ross
Crédit photo : Danielle Ross
Matin
Dans le Pâques de mon enfance
il faisait toujours beau
sauf le Vendredi saint
Car croyez-moi ce jour-là
les voiles du Temple se déchiraient vers 3 heures
C’était écrit
Je me souviens
Nous étions tous dans l’église
et moi petite et peureuse
je surveillais la grande horloge
Monsieur le curé défilait dans l’église
s’arrêtant à chaque station du chemin de croix
suivi par les petits enfants de chœur aux belles chasubles blanches
empesées par les religieuses du couvent
ORA PRO NOBIS PRA PRO NOBIS ORA PRO NOBIS
Je fermais les yeux et j’attendais
J’étais si certaine que le toit de l’église allait s’ouvrir
et tous nous engloutir
nous si humbles gens de ce petit village
J’attendais puis la troisième heure sonnait
Dong Dong Dong
J’ouvrais les yeux et je voyais que rien ne se passait
que Madame X continuait à sentir le parfum bon marché
que Monsieur Y se mouchait dans son mouchoir carreauté tellement usé
que la belle du bas du village jetait des regards enamourés vers le jubé
et que le gars du rang si haut perché faisait semblant de l’ignorer
Oui quand tout était redevenu normal
moi je pouvais rêver au petit chapeau de paille arrivé par la poste du midi
Ce petit chapeau si joli envoyé par mes grandes sœurs de la ville
Un joli chapeau « chinois » en paille blanche et satinée
Oui je pouvais continuer à respirer
Dimanche à la messe Jésus allait ressusciter
Et moi je pourrai porter sans crainte mon joli chapeau
ORA PRO NOBIS PRA PRO NOBIS ORA PRO NOBIS
ORA PRO NOBIS PECCATORIBUS
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