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Miroir |rioriM 

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par Nathalie Bernier, chargée de projets
Table de concertation des groupes de femmes du Bas-St-Laurent

Qu’il est beau ce corps que l’on voit se pavaner dans de beaux habits sur les tapis rouges.  Qu’il est payant ce corps qu’on maquille pour nous vendre un bon drink, un rasoir, un tracteur.  Qu’il est rassurant ce corps, accroché au mur sur un calendrier pour nous rappeler que février va passer trop vite. Le corps des femmes, poli, huilé, désirable et contrôlé est trop souvent associé à un objet à contempler.

Dans le miroir, ce même corps pose tout un problème. Trop gros, trop mince, trop boutonneux, tombant, pas assez blanc.  L’estime de soi liée à l’apparence physique en prend tout un coup. Sortons vite les filtres photos et passons des heures à sélectionner le cliché qui nous mettra le plus en valeur ! Et le nombre de j’aime — donc, l’approbation des autres — décidera si la photo vaut la peine de nous représenter plus d’une journée.

Journaux, magazines, réseaux sociaux, les médias sont souvent cités comme ayant une mauvaise influence sur l’image corporelle. Après tout, les standards de beauté imposés servent à qui et à quoi ? Vendre des produits, des régimes, des gadgets, des chirurgies ?

Bien qu’on commence à voir une plus grande diversité corporelle dans nos écrans, on est encore loin d’une valorisation de cette diversité. Les « blagues » grossophobes, par exemple, sont une insulte encore largement tolérée. On stigmatise les personnes grosses en les associant (souvent à tort) à du laisser-aller, à une mauvaise santé et à un manque d’efforts d’une personne paresseuse. Ils et elles sont la cible de moqueries, d’intimidation et de mépris depuis bien longtemps.

Il n’y a pas que le poids qui pose problème pour les adeptes du corps retouché. Out les photos de seins en train d’allaiter. Out les femmes noires qui n’ont pas les aisselles blanches. Out les souliers pointure 12 sur la tablette. Out les poils, sauf s’ils sont bien disposés. Out le corps des femmes trans. Le problème n’est pas seulement que ces corps sont invisibilisés mais en plus d’être ignorés, ils sont dénigrés, rejetés, méprisés.

À l’heure où la mode change plusieurs fois par année et où tout le monde rêve de se démarquer du lot, l’image, elle, semble de plus en plus normée, filtrée, aseptisée, influençant nos goûts et accentuant la pression sur les personnes de tous âges.

Alors qu’en Corée du Nord, seules les coupes de cheveux autorisées par le régime seraient permises (15 pour les hommes et 15 pour les femmes), ne serait-il pas temps de se réjouir collectivement de toutes nos différences ?

Pour reprendre les mots de Mickaël Bergeron : Je n’ai aucun problème que des gens me trouvent laid. Tant que me trouver beau ou laid ne change rien à mon droit au respect.

Et c’est de ça ici qu’il est question. Le respect de cette enveloppe corporelle qui ne définit pas entièrement la personne que nous sommes et qui surtout, n’a pas à plaire à tout le monde.

A-t-on encore besoin du féminisme ?

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