Aout 2018Info-Organismes

Chronique du 150e

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par Jocelyne Rioux

Quelle joie et quel privilège que de faire partie, chacun de nous, de l’histoire de Saint-Ulric! En écrivant cette chronique en lien avec le 150e, l’obligation de réflexion impose un arrêt sur l’image m’incitant ainsi à sillonner les lignes du temps. Loin de moi la prétention d’être historienne, mais se souvenir convenablement au travers de nos petites histoires éveille non seulement la mémoire individuelle, mais enrichit la mémoire collective puisqu’elle met en scène quelques bribes de la vie de nos habitants.

Revisiter le passé pour mieux jouir du présent tout en se projetant dans l’avenir ne peut déterminer notre identité ulricoise qu’en définissant notre manière de vivre. Il serait alors inconcevable de faire une chronique en août sans mentionner l’apport de nos agriculteurs dans l’histoire de Saint-Ulric.

Replonger dans la vie de ces paysans, ces cultivateurs ou ces agriculteurs – peu importe le vocable qu’on leur prête – ces travailleurs infatigables et acharnés ont consacré leurs forces, leurs talents et surtout de nombreuses heures à labourer, semer et récolter le fruit de la terre, et ce, trop souvent, au détriment de Dame Nature. Leur attachement profond pour la terre est indéniable. À l’époque, faut-il le dire, les fermes traditionnelles ont la charge de plus d’enfants qu’elles peuvent en nourrir. Et pourtant, aucun (je dis bien aucun) de ces foyers ne refuse gîte et couvert à quiconque les visite, même pas au quêteux.

Le seul zonage agricole qui existait jadis était la longue corde de bois de chauffage qui servait de délimitation entre les voisins. La campagne, n’est-ce pas le paradis des enfants ? Et pour ramener un peu d’argent à la maison, on cueillait les petites fraises des champs (qui ont passé de 25 cents la chaudière à 50$ le 2 litres) en juillet pour laisser place aux bleuets en abondance dans la «savane».

Qui dit agriculteurs dit immenses jardins… Selon un vieil adage: «Il faut cueillir les choux, l’un des trois premiers jours d’août». Soyez assurés que Marie-Louise Dubé l’avait drôlement bien compris. Même si tous étaient en mesure de fournir de bons légumes pour le traditionnel «bouilli», les commerçants s’approvisionnaient entre autres chez Mesdames Sylvain Beaulieu et Donat Dubé pour les carottes, pour toutes sortes de légumes chez Baptiste Lavoie et pour les patates, chez ma grand-mère Boucher, celle qui prenait un malin plaisir à nous mordiller les joues… Certaines, comme Madame Cantin, passaient soit par les chemins ou avaient leur petit kiosque.

Les pratiques agricoles étaient bien rudimentaires en comparaison à celles d’aujourd’hui. Que dirait Pierre-Paul Desrosiers en voyant qu’on ne trait plus les vaches à la main, mais avec des robots? Que penserait M. Réal de l’expansion de son érablière? Et M. Gendron en apercevant que les foins ne se font plus à la faux ni à la faucheuse? De voir les terres de Léonard Desrosiers et Roland Durette transformées en 170 acres de culture de patates ou en fraisière, à notre plus grand bonheur!

D’une quarantaine de ces fermes d’autrefois, ils ne sont qu’une poignée en 2018, déterminés à réaliser leur rêve. De père en fils ou de père en fille, tels les Bélanger et Lavoie, on innove, on développe, on se modernise, mais avec toujours la même passion et le grand attachement à la terre et aux animaux.

Léopold Charette, vers les années 1950. Auteur: Victor Sirois. Collection: Fernand Charette.

Si ce moment d’histoire vous avait été conté par un de nos valeureux agriculteurs, il vous aurait certes dit: «C’est le plus beau métier du monde, pis, dans le bon vieux temps, ça se passait de même».
Je m’en voudrais de terminer cette chronique sans souligner les cent ans d’un agriculteur, inlassable défricheur du rang 3 de Tartigou, Léopold Charrette. Marié à Thérèse Lavoie, père de 11 enfants, 20 petits-enfants et 21 arrière-petits-enfants, il a connu la guerre, la lampe à l’huile, la crise, les chevaux, et plus encore. Et il a tant de choses à raconter… Nous ne pouvons que nous incliner devant cet âge vénérable et lui souhaiter que chaque moment qui passe soit rempli de joie et de bonheur! La vie sur la ferme serait-elle le secret de la longévité?

 

L’équipe du Gym St-Ulric

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