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Mon premier jour d’école

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Par Danielle Ross

J’ai 6 ans.

Dans les dernières semaines, maman nous a amenés acheter nos cahiers et nos crayons chez Albert Michaud. Maman en a profité pour jaser un peu avec Rose Soucy qu’elle aime bien. Nous avons aussi acheté des choses chez madame Alphonse Fournier. Nos grandes sœurs, qui travaillent à Montréal, nous ont envoyé une boite de 48 crayons de couleur Prismacolor. J’aime tellement la couleur « Tangerine ».

J’ai mon premier coffre à crayons. Je l’ouvre et le referme sans arrêt, au grand déplaisir de ma sœur.

— Tu vas le briser !

— Comment pourrais-je briser un si bel objet ?

Je regarde mon cahier d’écriture. Je sais déjà mes lettres et mes chiffres. C’est le privilège de la dernière de neuf enfants. On m’a tout appris petite.

Ma mère et les autres mamans ont prévu à l’horaire le taxi pour Matane afin de finir les achats. La plupart des familles sont comme nous et n’ont pas d’auto. Alors Victorien Gagné, dit Ti Vic, notre taxi du village, les amène et les attend. Maman achète les souliers et quelques vêtements chez Nazair, le « magasin pour toute la famille », comme il se nomme.

Le soir avant la première journée, maman a préparé nos uniformes. Costumes des sœurs du Saint-Rosaire avec le collet en plastique qui gratouille. Maman a acheté les vêtements de base chez son amie Adrienne Levasseur… et un béret bleu. Le fameux béret bleu.

Je ne réussis pas à m’endormir. Serais-je à la hauteur ? J’appréhende toute cette nouveauté.

Le matin, après un déjeuner vite avalé, nous enfilons nos vêtements, moi plus vite que ma fratrie. Ils sont plus calmes. L’école, ils connaissent.

Et nous voilà partis par la petite rue. Maman immortalise ce moment.

Les sœurs nous attendent dehors et nous dirigent vers nos éducatrices.

Nous les petits, nous écoutons sérieusement.

J’entends les rires des plus vieilles.

Moi c’est Mère Saint-Jean-Luc qui m’enseignera. Je l’aime déjà avec son regard si doux.

Je me fais déjà de nouvelles amies. Hélène, Odette, Diane. Mon voisin Yvon est mon ami depuis longtemps.

La journée passe.

À la fin de la journée, nous retournons à la maison.

J’enlève ces vêtements un peu austères, les jette près du lit, remets mes culottes courtes et mon petit chandail préféré pour aller jouer dehors. Maman dit en ramassant mon uniforme tout taponné sur le plancher :

— Il ne faut pas qu’il soit fripé pour demain.

Et moi parait-il que j’aie répondu :

— Quoi ? Il faut que j’y retourne !

 

 

 

 

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