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Entrevue avec Benoit Lévesque, partie 2

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Par Marc-André Lévesque
L’histoire des personnes qui sont nées au village et, tout en restant ailleurs, ont gardé des liens avec notre communauté. Il s’agit de personnalités dont la notoriété a dépassé nos frontières et celles de notre Québec pour se faire connaître dans des domaines particuliers. La première de ces personnes est Benoit Lévesque, professeur émérite à l’Université du Québec à Montréal qui, par ses recherches en sociologie, s’est fait connaître dans plusieurs pays où il a donné des conférences, entre autres sur le thème de l’économie sociale. Ce qui suit est issu d’un entretien que j’ai eu avec lui.

Benoît Lévesque

Benoit Lévesque est né à St-Ulric en 1939, la maison de ses parents, Rosaire Lévesque et Apauline Bélanger, née à Baie-des-Sables, était située sur le rang 3 de Tartigou.

Voici ses réponses à mes questions, présentées sur trois éditions du journal :
À quel moment as-tu su que le domaine de la sociologie allait être le tien ?
Comme je voulais devenir prêtre, je me suis intéressé à la philosophie qui était indispensable pour étudier la théologie. La sociologie s’est imposée à partir de deux ou trois entrées :
– La première entrée : celle d’avoir vécu dans des milieux fortement contrastés, la campagne, le village et la grande ville. Cela laisse voir diverses façons d’organiser la vie en société.
– La deuxième entrée : celle de la pastorale scolaire dont j’étais responsable au Collège de Matane entre 1967 et 1970. Parmi les activités qui relevaient de mes fonctions, on retrouve :
o Des journées de réflexion que j’organisais avec une classe au centre étudiant, situé près de l’hôtel Belle Plage.
o Des fins de semaine de réflexion, à la campagne, sur la vie et la société que j’organisais avec des étudiants (garçons et filles) inscrits au cégep. À cette fin, j’avais obtenu l’aide de Gibert Rouzier qui avait eu Marcel Rioux comme directeur de mémoire.
– La troisième entrée : c’est celle du cinéma.
o Pendant mes études, puis au collège de Matane, j’ai organisé un ciné-club où je présentais des films et où j’animais la discussion sur le contenu, y compris les questions sociales.
o À la fin des années 1960, j’ai été choisi par l’Office national du film pour participer pendant un mois à une formation portant sur le cinéma social. Tout cela a renforcé mon intérêt pour la sociologie.
En quittant le Collègue de Matane en 1970 pour retourner aux études supérieures, j’ai décidé de m’inscrire à une maîtrise en sociologie des religions à l’Université de Sherbrooke pour des études visant à voir comment la religion avait pu contribuer au développement du Québec. Un an plus tard, je décidais de quitter la congrégation religieuse et j’obtenais de Rome la permission de le faire.
Entre 1971 et 1974, grâce à une bourse du Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH) du Canada pour trois ans, j’ai pu faire des études à l’École Pratique des Hautes Études (VIe section : sciences économiques et sociales) et m’inscrire pour un doctorat à l’Université Paris Descartes (Sorbonnes). En 1975, j’ai été engagé comme sociologue à l’Université du Québec à Rimouski. On me demanda d’être le maître d’œuvre d’une maîtrise en développement régional dont j’ai été le premier directeur.
Est-ce que le fait d’être issu d’un milieu régional a pu orienter ton choix de carrière ?
Certainement. Plusieurs sociologues reconnus de la génération qui m’a précédé venaient des régions : Marcel Rioux (Amqui), Fernand Dumont (Montmorency), Guy Rocher (Berthierville) et le politologue Léon Dion (St-Arsène, Rivière-du-Loup).
De plus, le fait de venir d’une famille modeste m’avait sensibilité à la question sociale. Comme prêtre, j’avais l’intention d’œuvrer à l’amélioration des milieux de vie et plus largement de la société. À partir de 1970, j’ai compris que ce serait surtout par la recherche et l’intervention sociale.
Aujourd’hui, je sais que c’est à Montréal qu’on retrouve à la fois le plus de richesse et le plus de pauvreté. De plus, le taux des inégalités sociales y est le plus élevé que dans les petites et moyennes villes ainsi, les inégalités entre les riches et les pauvres sont moins grandes dans le Bas-Saint-Laurent qu’à Montréal.
En revanche, les services de santé et d’éducation sont beaucoup plus développés et diversifiés à Montréal, mais leur accès n’est pas nécessairement plus facile pour les personnes défavorisées. Chose étonnante, à première vue, les études sur l’indice du bonheur montrent que la Gaspésie arrive en tête des régions. Le Bas-Saint-Laurent n’est pas très loin.
En somme, les régions sont moins riches, mais les gens sont souvent plus heureux. Ils vivent dans un environnement plus sain, près de la mer, des montagnes, des lacs et de la forêt. Ils entretiennent des relations plus personnalisées. Cela dit, il y a de la misère partout, mais cette dernière serait plus forte dans les grandes villes que dans les petites.

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