Collaborateurs

Chroniques d’immigrés

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par Catherine Maquet

Chapitre 3: Bouclez vos ceintures

Ce fut un réveil pénible ce 4 mai 2015. Nous avions eu la misère du monde à nous endormir la veille et voilà que le cadran sonnait déjà. Le temps de préparer le café que les premiers accompagnateurs arrivaient chez nous. Debout, autour de la cafetière, nous discutions du parcours, du plan du temps pour la journée.

Jamais je n’aurais imaginé que nos voisins auraient, eux aussi, de la misère à se lever et qu’ils viendraient sonner chez nous à 4h du matin pour nous dire au revoir. Ce sont des moments comme ça qui vous remplissent le cœur de chaleur.

Après avoir fini nos cafés, nous avons pris notre couverte, nos oreillers et les avons mis dans le conteneur. Nous l’avons fermé avec un bon cadenas comme on ferme un livre, une fois arrivés à la dernière page. Nous avons embrassé ceux qui ne feraient pas partie du convoi avec un énorme pincement au cœur. Les larmes coulaient sur toutes les joues. C’était un moment rempli d’émotions; joie, tristesse, appréhension.

C’est donc accompagnés de la lune que nous avons pris la route vers l’aéroport de Bruxelles. Trois heures de route nous attendaient. Nous avions deux autos dans notre convoi : ma belle-sœur, mon beau-frère, nos deux plus petits enfants et nous-mêmes dans le premier véhicule; les valises, sacs à dos, mes parents et notre plus grand dans la seconde voiture.

Quelques heures de route et des embouteillages plus tard, nous sommes arrivés à l’aéroport. Nous avons enregistré nos billets et nos bagages et sommes allés prendre le petit déjeuner dans un petit café. Nous parlions comme si de rien n’était, comme si on ne partait pas à 6000 kilomètres. On aurait dit que le temps s’était arrêté. Jusqu’au moment fatidique où nous avons dû nous dire au revoir. Encore des émotions, encore des déchirements, encore des larmes.

Quand je repense à tout ça, je me dis que le plus pénible n’a pas été pour nous. C’est notre famille qui a dû souffrir. Je suis tellement désolée maman, papa, de vous avoir quittés. Mais Dieu sait que j’ai, que nous avons, enfin trouvé notre bonheur. Pour rien au monde je ne ferai machine arrière. Je vous aime, famille et amis, mais ma place est ici, ma vie est ici, mon cœur est ici et vous y aurez toujours votre place.

C’était le premier voyage en avion pour nos enfants. L’attente avant l’embarquement et le passage aux différents portiques de sécurité leur ont semblé si longs. Nous avions pris soin de leur expliquer comment allait se dérouler la journée. Nous avions peur avec Raphaël (je rappelle qu’il est autiste). C’est un grand changement, c’est l’inconnu pour lui. Plus aucun repère pour lui, pour nous aussi.

Raphaël attendant l’embarquement (Photographie Catherine Maquet)

«Mesdames et Messieurs, bienvenue à bord du vol A710 à destination de Montréal. Veuillez boucler vos ceintures, nous allons décoller».

Suite au prochain épisode.

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